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Les projets du groupe Panhard, spécialisé en immobilier d’entreprises, ne font pas l’unanimité à Sens (Yonne), notamment l’implantation d’un géant de l’e-commerce dans la zone artisanale des Vauguillettes. Associations et élus écologistes s’opposent vigoureusement au projet.

Rien n’est signé, ni encore acté mais la ville de Sens (Yonne) figure parmi les deux les finalistes d’un appel à projet pour une énorme plateforme logistique. Il s’agit de la première implantation en France d’un géant du e-commerce européen. C’est le groupe Panhard, spécialiste de la promotion immobilière d’entreprise, qui mène actuellement ce gros projet dans l’agglomération sénonaise. Dans ce dossier, le groupe Panhard n’est qu’un intermédiaire pour un géant du e-commerce dont on ne connait pas encore le nom. Les promotteurs promettent au moins 2 500 emplois à la clé.

Mais Sens et une autre ville située au sud de la région Ile-de-France sont en concurrence pour l’accueillir. « Pour nous, très franchement je souhaite qu’on gagne » déclare Marie-Louise Fort, maire (LR) de Sens. « 2500 emplois, on ne peut pas le négliger car la sortie de la crise sanitaire sera dramatique. On attend le choix des responsables de cette entreprise de logistique. Il n’y a plus qu’à attendre le feu vert.« 

L’objectif du groupe Panhard est de bâtir un bâtiment de plus de 100.000 mètres carrés pour de l’activité logistique, du type préparation de commandes.

Plusieurs pétitions contre le projet

Ce projet d’accueillir une grande plate-forme logistique pourrait voir le jour à l’horizon 2024. Mais il est loin de faire l’unanimité et ne suscite pas l’adhésion de tous les élus et des associations de défense de l’environnement. Près de 200 personnes ont d’ailleurs manifesté le 17 avril dernier pour dire stop au projet. 

L’enquête publique concernant son implantation a débuté le 20 avril et touche à sa fin ce jeudi 20 mai. A cette occasion, le collectif Stop Panhard qui regroupe plusieurs associations, citoyens et élus, opposés au projet d’implantation a remis ce jeudi à 15h au commissaire enquêteur toutes les pétitions exigeants l’abandon du projet. « On a remis un certain nombre de pétitions de gens qui s’opposent à ce projet au nom du collectif et puis on lui a expliqué pourquoi on est en désaccord avec ce projet » explique Daniel Vey, vice-président de l’Association de défense de l’environnement et de la nature de l’Yonne (ADENY). « C’est un projet qui nous semble d’une autre époque, qui ne correspond pas aujourd’hui aux besoins de consommation, et qui est complètement démesuré.« 

Les opposants craignent une explosion du trafic 

Les membres du collectif Stop Panhard demandent à la mairie de Sens et au conseil d’agglomération du Grand Sénonais de refuser ce projet et de l’abandonner. Parmi les craintes des opposants, Daniel Vey pointe du doigt  l’augmentation du trafic routier et les risques de pollutions sonore et visuelle que cela pourrait engendrer. « Ce sont des produits qui vont essentiellement venir de Chine, et d’ailleurs, qui vont être transportés par bateaux puis par camion pour arriver à Sens et repartir de Sens« , souligne l’opposant. « Selon une de nos études, cela générerait près de 1000 mouvements de camions et plus de 2500 mouvements de véhicules légers par jour. En terme de trafic, c’est énorme. »

Marie-Louise Fort affirme de son côté qu’il y aura peu de nuisances. « On est en bord d’une déviation. Il n’y aura pas de nuisance même avec une augmentation de la circulation. Cela n’engendre pas de surplus de circulation à l’intérieur même de la ville. »

La municipalité souhaite développer des transports doux entre la zone des Vauguillettes et le centre-ville pour justement limiter le trafic. « On a été attentif ainsi que le porteur du projet à développer des modes de déplacements doux pour acheminer les travailleurs de Sens vers ce centre de logistique« , explique Clarisse Quentin, vice-présidente de l’agglomération en charge du développement économique.

Près de 2500 emplois à la clé

D’après la municipalité de Sens, le premier projet pourrait entraîner la création de 2500 emplois. « Ce sont des emplois de toute nature, des cadres, des caristes, des sous traitants » détaille Marie-Louise Fort. Ce sont en tout cas les chiffres qu’auraient avancé le groupe Panhard qui négocie actuellement directement avec les agriculteurs pour l’achat des parcelles et l’aménagement de cette plate-forme.

A cela, il faut ajouter selon la municipalité tous les emplois périphériques générés par les prestations d’entretien et de maintenance, les transports, la restauration et la formation. « C’est une structure qui veut implanter son seul site national ici ou sur l’autre site. Cela veut dire qu’il y a aussi des emplois administratifs qui vont avec« , ajoute Clarisse Quentin.

Mais les opposants dénoncent eux des emplois au rabais. Selon eux, le commerce en ligne n’apporte pas d’emplois et généralement en détruit. « Un emploi créé dans l’e-commerce, ce sont 2,5 emplois détruits dans les commerces de proximité, » estime Daniel Vey. « Les emplois créés dans ce type d’industrie, ce sont des emplois à faible niveau de qualification. » 

Les entrepôts de E-commerce échappent au gel des implantations

Les membres du collectif dénonce par ailleurs l’artificialisation de 40 hectares de terres agricoles qu’entrainerait ce projet. Les entrepôts de e-commerce échappent aujourd’hui au gel des implantations. Dans le cadre du vote de l’article 52 de la loi Climat et résilience, un article fixe un principe général d’interdiction de nouvelles grandes surfaces commerciales afin d’empêcher la l’artificialisation des sols. Mais le texte ne couvre pas l’implantation d’entrepôts logistiques des acteurs du e-commerce. 

« Cela pose un problème de prendre des terres agricoles et de les bétonner. On est dans une démarche où l’autonomie alimentaire doit suffire à nourrir la population. Ce n’est pas le moment d’enlever des terres agricoles, » déclare Daniel Vey. 

Si le projet n’est pas retenu, les terres resteront agricoles. En tout cas, pour l’instant, Marie-Louise Fort tient à préciser que ces 40 hectares de terres ciblés par le groupement Panahrd « sont fléchés depuis des années pour êtres des terres qui ont vocation à recevoir une zone industrielle. »

Zone franche urbaine jusqu’en 2022

La zone industrielle des Vauguillettes, de 126 hectares, est située à l’est de Sens en zone franche urbaine (ZFU). Les entreprises qui s’y installent peuvent bénéficier d’exonérations d’impôts sur les bénéfices. Pour cela, l’entreprise doit avoir été créée avant le 31 décembre 2022 et embaucher au moins 50% de salariés en CDI, résidants dans un quartier prioritaire de la ville.

Le groupe Panhard indique sur son site internet que son projet de plate-forme à Sens pourrait être livré au quatrième trimestre de 2022. 

Source : France 3 Bourgogne Franche-Comté